Le Franciacorta est un vin pétillant issu d’un vignoble dont les domaines cumulés dépassent 2.200 hectares sur le territoire de Franciacorta, dans la province de Brescia (Lombardie).
Comme pour le Champagne, qui bénéficie de son Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), depuis 1990 le Franciacorta est soumis à un standard de qualité appelé DOCG pour Denominazione di Origine Controllata e Garantita, soit dénomination d’origine contrôlée et garantie (surenchère dites-vous ?), qui certifie
▪ la provenance (limitée à 22 communes) essentiellement pour des questions liées aux propriétés du sol ;
▪ les appellations :
⁃ le NonVintage Franciacorta (NV) se prévaut de minimum 25 mois entre les vendanges et la commercialisation, dont 18 mois en contact direct avec la levure en bouteille. Par comparaison, le Champagne AOC réclame seulement 15 mois. Ceci dit, la majorité des producteurs font le choix d’un vieillissement nettement plus long, ce qui tend naturellement vers une qualité supérieure.
⁃ le Franciacorta Vintage, ou Millesimato, réclame 37 mois minimum après vendanges, dont 30 mois en contact direct avec la levure, donc exactement identique au Champagne AOC.
⁃ le Franciacorta Rosé se compose de 15% de Pinot Noir au minimum, et il est le fruit d’un assemblage avec du vin rouge.
⁃ le Franciacorta Saten se compose exclusivement de Chardonnay et/ou de Pinot Blanc. En d’autres mots, il est un équivalent du Blanc de Blanc, mis à part l’aspect de la pression : il se satisfait de 4,5 atmosphères à la place de 6.
▪ les appellations de dosage, par gramme de sucre résiduel par litre :
⁃ Pas dosé = Dosage Zéro
⁃ Pas opéré = Nature : 2 g/l au maximum
⁃ Extra Brut : 6 g/l
⁃ Brut : 15 g/l
⁃ Extra Sec : 12 à 20 g/l
⁃ Sec : 17 à 35 g/l
⁃ Demi-Sec : 33 à 50 g/l
Sur le papier, donc, ces bulles évoluent en terrain semblable. Légèrement plus strict pour le Franciacorta d’ailleurs, au vu des exigences de son cahier des charges.
Du point de vue Delibul, le Franciacorta dépasse de loin les standards auxquels le Champagne nous a habitués. Or cette appellation souffre d’un manque évident de visibilité hors Italie, ce qui peut sembler paradoxal. Cependant, à y regarder de plus près, les italiens se révèlent très efficaces dans la démarche.
Explication condensée : le Franciacorta existe depuis 1957 et s’est professionnalisé dès 1990. Ces bouteilles sont donc positionnées sur un vrai marché de niche, principalement axé sur l’italie et les connaisseurs, les passionnés de mousseux, les amateurs éclairés. Ce marché évolue à un rythme manifestement pensé, réfléchi et contrôlé, qui permet la stabilité nécessaire (la qualité des bulles et leur publicité graduelle) à une évolution plutôt qu’une révolution, ou une opposition brutale au passé. En soi, la démarche est élégante, et son application empirique impose le respect. Car oui, il faut savoir que les capacités de production correspondent à plus du double de l’actuel… Chapeau bas aux italiens pour leur self control, mais surtout pour ces magnifiques bulles !
Car oui, pour basculer dans le vrai sujet, ce Franciacorta, sans l’ombre d’un doute, c’est plus qu’une réussite, c’est un vrai must, c’est un poème, une déclaration, une … émotion pure transmise à notre être tout entier par nos papilles… Oui, il peut être opposé au Champagne. Mais ce serait tellement inique et étroit d’esprit. Au contraire, nous sommes pour l’ajouter, l’inclure à notre catalogue de bulles, tel un outil dans l’atelier du maçon. Le lingot d’or n’a jamais eu pour vocation de remplacer celui d’argent, sa nature est simplement différente et doit être envisagée en tant que telle.
En guise de conclusion, goûtez le Franciacorta ! Demandez une dégustation ou commandez 3 bouteilles pour vous faire une idée. Vos papilles ne peuvent mentir !
